lundi 22 avril 2013

Guido Von List et l'armanisme.

L'armanisme est née à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Les idées Listienne se retrouvent dans la société de Thulé et son emprunt de végétarisme, d’écologie, d’anti-industrialisation et de la compréhension des vestiges préhistoriques et des cycles naturels.
Il existe encore quelques rares documents et biographies où tout le mouvement armaniste est présenté et dévoilé.



Guido Karl Anton List était né à Vienne le 5 octobre 1848. La famille List était catholique, et on peut aussi présumer que Guido fut élevé dans ce sacrement catholique. Il existe certaines preuves du temps de son adolescence qui montrent qu’il était fasciné par son Autriche natale et par sa ville de Vienne. Cet intérêt principal le conduisit plus tard à travailler sur son premier livre, Carnuntum, une nouvelle historique basée sur sa vision du Kulturkampf entre le monde germanique et le monde romain dans la cité romaine de Carnuntum, en l’an 375 de l’ère chrétienne. Les influences les plus importantes sur l’évolution de List à cette époque furent fournies par les groupes culturels et politiques nationalistes et pangermanistes dont l’attention avait été attirée par la publication de Carnuntum. Ces associations de gens d’ascendance et de langue allemandes dans l’Empire autrichien multiracial, dont les buts incluaient la promotion de la culture et de la langue germaniques et l’union politique finale des Allemands d’Autriche avec le grand Empire Allemand. La combinaison de doctrines raciales et de nationalisme occulte anticipait clairement l’aryosophie, puisqu’en effet List pensait que dans l’Allemagne future tous les postes d’influence et les professions devraient être occupés seulement par les Allemands de pur sang aryen ; chaque famille devrait conserver des archives généalogiques attestant de sa pureté ; le patriarcat et l’héritage mâle devraient être strictement suivis ; les Aryo-Germains devraient être déchargés de toutes les tâches salariées ; des lois raciales et martiales strictes devraient être observées ; un nouveau féodalisme et une nouvelle religion païenne devraient être développées. Les théories raciales de List furent principalement empruntées à Helena P. Blavatsky et à la Théosophie, et à d’autres nationalistes pangermanistes et à son jeune collègue Lanz von Liebenfels. List devint un auteur et un artiste bien connu et respecté parmi les nationalistes allemands d’Autriche, et il devait faire partie de l’establishment culturel et racial traditionnel durant toute sa vie.

Dans la dernière partie de sa vie, List subit une grave opération de la cataracte. Pendant onze mois ses yeux furent bandés, et dans cet état de quasi-cécité et de quasi-totale obscurité List dit avoir reçu l’illumination, selon ses propres paroles. A cette époque, la vision occulte de List semble avoir subi une synthèse majeure. Peu après avoir recouvré la vue, ses idées connurent leur synthèse finale. A cette époque fut publié Das Geheimnis der Runen [Le secret des runes], et la Guido-von-List-Gesellschaft [Société Guido Von List] fut fondée. Ses idées furent aussi fécondes dans un autre domaine : il considérait que la conversion forcée des Germains au christianisme avait conduit à l’établissement par les rois-prêtres de sociétés secrètes pour conserver leur mystérieux héritage. Les milieux occultistes croyaient que la restauration armaniste aurait lieu à la fin de l’ère chrétienne, lorsque la papauté s’éteindrait et que l’Empire germanique s’étendrait sur la Terre. Le millénium armaniste était tout proche. C’est cet héritage mystique que la Société de Thulé et plus tard la communauté SS d’élite du Wevelsburg allaient proclamer et promulguer.

Pendant les années de la Première Guerre Mondiale, sa renommée s’accrut. Mais la perte de la guerre l'accabla. Quelques mois après la fin de la guerre, List mourut à Berlin, le 17 mai 1919. Son corps fut incinéré et ses cendres placées dans une urne, dans sa ville natale de Vienne en Basse-Autriche.

L’ARMANISME

L’idéologie armaniste dérive de trois principes cosmiques. Ces processus cosmiques étaient vus par List comme éternels et insouciants de l’existence de l’humanité. Tous ses autres principes, conclusions et interprétations mystiques pouvaient aussi être déduits de ces trois-là :

I. zweieinig-zweispältige Zweiheit (La dyade bifidique-biune)
II. dreieinigdreispältige Dreheit (La triade trifidique-triune)
III. vieleinig-vielsäpltige Vielheit (La multiplicité multifidique-multiune)

L’armanisme est basé sur des paradoxes, ressemblant à des contradictions, particulièrement dans la formule qui semble être une réminiscence des premières théologies chrétiennes sur la nature de la Trinité. Mais List part dans d’autres directions avec ces paradoxes. Un principe dérivé de la zweieinig-zweispältige Zweiheit est l’idée que la « matière » est en réalité de l’« esprit » condensé. Il s’ensuit donc qu’il n’y a pas de différence essentielle entre « esprit » et « matière » ; la seule différence réside dans les circonstances ou les conditions dans lesquelles se trouve cette essence unique. Cependant, List accepte ce paradoxe en affirmant que cette condition a aussi une réalité et ne peut être ignorée. Ainsi l’armaniste doit être en accord avec les deux extrêmes, et rechercher un équilibre entre eux.

Le paradigme armaniste insiste également sur la nécessité d’ancrages matériels – le corps, la race, la nature, etc. – pour maintenir cette spiritualité dans la réalité. Le facteur équilibrant se trouve aussi dans le processus même de la dreieinigdreispältige Dreheit. Alors que le principe précédent était plutôt statique dans sa structure, le processus ternaire est cyclique et dynamique. Car ainsi le trois équilibre le deux. Le corollaire le plus important de la triade trifidique-triune se trouve dans la formule distinctive de List :

Enstehen-Sein-Vergehen zum neun Entstehen (Naissance-Etre-Passage vers une nouvelle naissance). Elle indique l’éternelle évolution et l’éternel retour dans un cadre cyclique, chaque cycle étant organiquement construit sur le précédent. En d’autres mots, la naissance-vie-mort/ renaissance se répète dans un modèle organique du cosmos dans l’éternité.

Vieleinig-vielsäpltige Vielheit est un concept pour synthétiser les aspects virtuels de la manifestation dans le monde naturel/organique dans une totalité cohérente. Comme dans la pensée holistique actuelle, la multiplicité est réconciliée d’une manière similaire, pas avec l’« unité », mais plutôt avec un modèle de « totalité ». Cela permet une multivalence dans la manifestation sans nécessairement avoir à considérer une forme comme supérieure ou antérieure à une autre.

L’armanisme se préoccupe aussi des dénommés « mystères sociologiques » – c’est-à-dire des aspects occultes des origines de l’ordre social et racial – et des moyens magiques requis pour retrouver la « connaissance perdue ». Cela est également vrai pour le renouveau des religions traditionnelles comme la wicca, le druidisme ou l’odinisme/wotanisme.

L’affirmation générale de List était que les pratiques et les croyances des Armanen n’avaient pas été détruites par l’infection chrétienne, mais avaient survécu.

Dans les doctrines des Armanen, la théologie se manifestait aussi sous la forme de diverses triades, comme Wotan-Vili-Vé, Wotan-Donar-Loki ou Freya-Frouwa-Helia, tous étant en fait interprétés comme étant des figures représentant le processus de naissance-vie-mort. Le souhait ultime de Guido était d’établir une société basée sur des principes agraires et gouvernée par un ordre des Armanen, hiérarchisé et éclairé. Son concept de la religion du wotanisme incluait une forte identification avec son peuple et sa race, suite logique de la proximité avec la nature et du fait de tenter de vivre en accord avec elle.

Les runes étaient d’une importance essentielle pour List, qui grâce à sa connaissance runique pouvait lire presque tous les symboles et signes « supprimés » du passé. Son système runique particulier, qu’il semble avoir au moins partiellement créé lui-même, lui permettait d’interpréter en un sens runique tout glyphe, graphe, nom, symbole, icône ou image se trouvant devant lui. Cela devenait un système mystique dans lequel les symboles soniques étaient corrélés avec les formes géométriques. Au-delà des correspondances basiques entre les sons et les formes runiques, List ajoutait la raffinement d’un système qu’il nommait Kala : une poésie dans laquelle un seul et même texte pouvait receler deux messages complètement différents, où le sens évident (compris par tout le monde) serait en fait secondaire, alors que le sens caché (kala) contiendrait le seul vrai message secret pour les hommes de connaissance, utilisant une méthode de calcul, les seize permutations de la lune, et en déterminant la valeur ésotérique d’unités syllabiques de sons lorsqu’elles passent par des permutation cycliques similaires. Dans ce système, chaque son runique passe par une triple permutation afin de faire apparaître ses significations cachées sur trois niveaux distincts – les niveaux de la naissance, de l’être, et du passage vers un nouveau commencement. Ceux-ci étaient aussi interprétés par List comme étant les niveaux de compréhension exotérique, ésotérique et armanique. L’un des principaux articles du mysticisme listien était que les choses avaient non seulement un « sens caché », mais que cette signification occulte était partout ternaire.

D’après List, l’Ego (le Moi) est un principe cosmique (« l’Ego dans le Tout est le Tout lui-même »). Cet ego a une certaine qualité divine.

Par conséquent, l’ego individuel est immortel. Cependant, comme il est, ainsi que tout le reste, « lié » par les trois grands principes cosmiques, la notion de réincarnation ou renaissance devient une quasi-nécessité. L’ego séparé ou individualité est immortel et ne cherche pas à se fondre dans le « cosmos indifférencié » (puisque ce dernier n’« existe » pas réellement).

Dans les doctrines armanistes sont révélés les secrets ésotériques du Walhalla. List affirmait que tous ceux qui étaient tués au combat – ou qui mouraient « pour leurs idéaux » – reviendraient vivre sur terre pour continuer le combat jusqu’à la victoire et la gloire finale. C’est cette nouvelle « élite guerrière » que List recherchait parmi les Aryo-Germains, se basant sur la croyance germanique du hall doré du Walhalla, un paradis héroïque avec une joie éternelle pour ceux qui tombaient au combat. Ils devenaient des Einherjar – ce qui excluait une nouvelle existence en tant qu’êtres humains – et cela était supposé unir en permanence les guerriers avec la divinité (Wotan).

Le renouveau d’intérêt pour l’armanisme de List montre à nouveau sa grande importance dans les domaines de la magie runique ésotérique et exotérique, du wotanisme/odinisme, du pangermanisme et de l’aryosophie.


Par J.H.M. Walvater (voxnr)